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Alcide de Gasperi : le constitutionnaliste européen

Publié par jeunescathos le 12 mai 2014 - A la Une, Elections, Société, Vie de l'Eglise

L’italien Alcide de Gasperi est considéré avec les français Robert Schuman, Jean Monnet, l’allemand Konrad Adenauer ou encore le belge Paul-Henri Spaak comme l’un des pères fondateurs de l’Europe. En mai 1950, il répond favorablement à l’appel de Schuman et donne tout de suite son plein appui au projet de mise en commun du charbon et de l’acier. Selon lui, la place de l’Italie est dans la CECA, il y voit aussi un enjeu bénéfique à l’image de son pays. Il rêve d’une fédération européenne, non seulement dans le domaine du charbon et de l’acier, mais dans tous les domaines et se lie d’amitié avec Robert Schuman.

© Margaret Bourke-White

© Margaret Bourke-White

Alcide de Gasperi naît en 1881 à Pieve Tesino dans la région italienne du Trentin qui était encore sous la domination de l’Empire austro-hongrois. De Gasperi reçoit une éducation catholique qui édifie son parcours et ses engagements. Un jour, il confie à un ami[1] : « L’Imitation de Jésus-Christ est mon livre de méditation et quand j’étais enfant, je n’allais jamais me coucher sans avoir récité auparavant le rosaire, même quand j’étais très fatigué». En 1902, il participe au premier Congrès catholique du Trentin et tient ce discours : « Il ne suffit pas de conserver le christianisme en soi-même, il faut combattre avec tout le gros de l’armée catholique pour reconquérir à la foi les champs de bataille perdus[2] ». Après des études de philosophie, il débute sa carrière politique comme conseiller municipal de Trente en 1909 et devient député au Parlement de Vienne en 1911. Il prend la défense des intérêts des habitants du Trentin ainsi que des soldats réfugiés en 1917.

Après la défaite de l’Autriche, le Trentin est annexé à l’Italie. Le calme ne dure pas puisqu’en octobre 1922, Benito Mussolini prend le pouvoir et instaure la dictature. En 1927, Alcide est arrêté et condamné à deux ans et demi de prison pour tentative d’expatriation clandestine. Il est remis en liberté en 1929 grâce à l’intervention personnelle de l’évêque de Trente. Il trouve un emploi à la Bibliothèque du Vatican qu’il conservera jusqu’à la chute du fascisme en 1943.

Il met à profit le temps de la Deuxième Guerre mondiale pour écrire Le Idee ricostruttive della Democrazia Cristiana (les idées pour la reconstruction de la démocratie chrétienne) qui sert de programme au parti chrétien démocrate fondé secrètement en 1943. Sa conception politique s’appuie sur une obéissance inconditionnelle à l’Église en matière de morale : « Dans le système démocratique – affirme-t-il dans l’un de ses discours – est conféré un mandat politique administratif avec une responsabilité politique spécifique, mais parallèlement il existe une responsabilité morale face à sa propre conscience, et la conscience pour décider doit toujours être illuminée par la doctrine et par l’enseignement de l’Eglise[3] ».

En 1945, reconnu pour ses idées sur la démocratie chrétienne, il est appelé à former un Gouvernement : il présidera huit Conseils des ministres jusqu’en 1953. En 1947, en pleine guerre froide, il fait adopter le Traité de Paix et la Charte Constitutionnelle par un grande partie de l’Assemblée constituante. S’ensuit un succès historique de son parti politique en 1948.

Au lancement du projet mort-né de la Communauté Européenne de Défense, il demande la reconnaissance d’une assemblée représentative chargée de définir un projet de constitution fédérale ou confédérale européenne. Avec l’échec de la CED, cette idée n’aboutira pas. En mai 1954, il est élu Président de l’Assemblée de la CECA (Communauté Economique du Charbon et de l’Acier) et s’éteint le 19 août de la même année après avoir murmuré trois fois le nom de Jésus, selon ses proches.

Ghislain Knepper

 

Ghislain Knepper, a travaillé au musée de la Maison de Robert Schuman à Scy-Chazelles.

 

 

Voir aussi :
Dossier sur les élections européennes
L’Europe en 12 questions

Elections européennes : mon vote peut-il changer l’Europe ?


[1]             Giulio Andreotti

[2]             A. De Gasperi, I cattolici trentini sotto l’Austria, éd. di storia e letteratura, 1964

[3]             A. De Gasperi, Discorsi politici 1923-1954, Cinque Lune,1990

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