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150 volontaires de service civique rassemblés pour une formation civique et citoyenne

Publié par jeunescathos le 20 février 2015 - A la Une, Service civique, Société, Vie de l'Eglise

Près de 150 jeunes volontaires de 18 à 25 ans se sont réunis au Conseil Économique, Social et Environnemental jeudi 19 février pour une formation civique et citoyenne autour du thème de la laïcité. Une formation à l’initiative de la Plateforme ecclésiale pour le Service civique, composée d’une collégialité de mouvements et services d’Eglise et coordonnée par le SNEJV (Service national pour l’évangélisation des jeunes et pour les vocations).

 

DSC_0056« J’ai beaucoup mûri depuis que je suis en service civique. Comme les élèves en difficulté que je soutiens, moi aussi je décrochais facilement. J’aurais été contente qu’il y ait une personne à côté de moi en classe qui m’aide et m’encourage. C’est important pour les jeunes qu’ils se rendent compte qu’ils ne sont pas seuls. » Eve, 18 ans, est en service civique avec le diocèse d’Orléans depuis début octobre et fait partie des 150 volontaires réunis ce jeudi 19 février dans le grand hall du Conseil Économique, Social et Environnemental, la troisième assemblée constitutionnelle française.

Après avoir été accueilli par Jean-Paul Delevoye, président du CESE, les jeunes se répartissent en petits groupes pour partager ce qu’ils vivent dans leur mission.

DSC_0054« C’est étonnant la diversité de chacun, remarque Damien, 23 ans, nos échanges sont d’autant plus intéressants ». Scout depuis l’âge de 8 ans, Damien a souhaité s’engager davantage à travers le service civique avant de commencer sa vie professionnelle, pour « rendre ce qu’on m’a donné ». Dans le cadre du programme « Scoutisme en quartier », il développe la pédagogie scoute dans un quartier défavorisé. « Etant dans un quartier à forte population musulmane, la question de la laïcité prend pour moi tout son sens : il s’agit d’apprendre à connaître l’autre, en respectant ce qu’il est et ce qu’il croit. C’est d’autant plus intéressant quand on n’a pas les mêmes points de vue. L’échange, même informel, enrichit. »

Parmi les 150 volontaires présents, tous en mission de service civique dans des associations catholiques (Apprentis d’Auteuil, Secours Catholique, CCFD-Terre Solidaire, MRJC, diocèse d’Orléans, diocèse de Versailles, JOC, Coexister, Scouts et Guides de France), seule une minorité se reconnait catholique.

DSC_0050Anna, 23 ans, athée, affirme avoir découvert au Secours Catholique la richesse du monde associatif : « je me suis rendue compte qu’il existait un monde insoupçonné de solidarité, dont on ne parle pas dans les médias. J’ai rencontré des gens géniaux, avec qui je partage des valeurs. Au début, j’avais un a priori négatif, ayant peur qu’ils soient trop dans la « charité » chrétienne, du type « je donne et vous recevez ». J’y ai découvert tout le contraire : toute une pédagogie pour intégrer les personnes accueillies et pour construire ensemble des projets de manière collaborative, c’est très riche ! Je crois beaucoup en cette méthode et je la réutiliserai plus tard dans mon travail. »

DSC_0059-CopiePour elle comme pour d’autres rencontrés ce jour-là, le service civique est une chance pour prendre du recul vis-à-vis de son projet professionnel, en se confrontant au terrain et ainsi mûrir ses choix : « ma mission me donne beaucoup de responsabilités que ne m’aurait pas apporté un stage ou un premier emploi et me permet de découvrir de l’intérieur le monde de l’associatif. J’y voir plus clair sur ce que je veux dans ma vie. »

Ce jour-là, Anna avait un peu peur de la manière dont allait être évoqué la laïcité, « le thème le moins consensuel du moment et médiatiquement à un niveau déplorable. Mais je suis agréablement surprise, s’exprime-t-elle, on n’est pas du tout dans l’affect ou la récupération politique, ça permet de repositionner les choses à plat : la laïcité, contrairement à ce qu’on entend souvent, n’est pas l’absence ou l’interdiction de religion, mais c’est la liberté de croire ou de ne pas croire, de l’exprimer ou pas. »

DSC_0057Les débats vont bon train dans chacun des groupes invités à partager des expériences concrètes de laïcité ou d’interreligieux et d’y déceler quelques principes et freins : « dans la loi, être laïc, c’est être tolérant, genre ‘j’t’aime pas’ mais ‘j’te tolère’. Ça ne peut pas être plus que ça : aller vers l’autre, apprendre à le connaitre… ? » « Pourquoi empêcher les signes religieux dans l’espace public ? » « Quelle est la limite entre le prosélytisme et montrer son appartenance religieuse ? » « on parle de religion, mais le vrai problème, est-ce que ce ne sont pas les inégalités sociales et économiques ? » « Certaines religions ne sont-elles pas privilégiées en France ? »

DSC_0060Quatre experts sont présents en fin de journée pour répondre à toutes les questions : Nicolas Cadène, rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité, Mohamed Chirani, consultant, auteur de Réconciliation française : Notre défi du vivre ensemble, Ilan Scialom, vice-président de Coexister, Josselin Tricou, délégué national de la formation à Coexister, enseignant de philosophie et sociologue.

Tous sont d’accord : il y a actuellement en France une grande méconnaissance de ce qu’est la laïcité. La loi de 1905 garantit la liberté de croire ou de ne pas croire et la possibilité de l’exprimer dans l’espace public, dans les seules limites du respect de la liberté de l’autre. Elle garantit la « neutralité de la loi et non la neutralisation des individus ».

Pour Mohamed Chirani, futur imam, la liberté d’adorer Dieu est la seule vraiment importante dans le Coran et est garantie en France par la loi sur la laïcité. « Ceux qui connaissent le Coran savent que le Prophète se trouve dans une culture de la critique et du débat ».

DSC_0063-CopieIlan Scialom, lui, refuse le discours victimaire : « il faut combattre les discriminations mais en se positionnant comme victime, on s’exclue soi-même de la société et on ne construit pas, on refuse de faire corps. La loi sur la laïcité propose un cadre. On est libre mais on a aussi des responsabilités. » « C’est à nous de créer le vivre-ensemble, renchérit Josselin Tricou. On ne peut pas légiférer sur tout, la loi ne peut pas nous dire comment aimer ou aller vers l’autre. »

« Il y a souvent beaucoup de confusion dans ce qu’on veut faire dire à la laïcité dans les médias », rappellent-ils chacun en filigrane. Nicolas Cadène tient à être clair : « Il n’y a aucune interdiction des signes religieux dans l’espace public au sein de la loi [sauf pour les représentants de l’Etat : fonctionnaires, etc.]. Il n’y a qu’à l’école où la loi de 2003 interdit les signes religieux, estimant qu’à un âge où on acquiert les bases du savoir, aucune pression religieuse ne doit avoir lieu pour laisser l’individu libre de son choix. A l’université, vous êtes libre d’exprimer votre religion, mais sans l’imposer à autrui ».

La laïcité doit aussi s’appliquer avec une « intelligence des situations », précise Josselin Tricou. « On l’a vu à l’île de La Réunion, complète Ilan Scialom, où il y a une adaptation de la laïcité dans les écoles tout en respectant la loi. »

Tous sont d’accord qu’il manque des lieux d’espaces d’échanges et d’information sur le sujet. L’instauration d’un enseignement de morale laïque va-t-elle permettre ce dialogue ? Josselin Tricou interpelle les jeunes : « A vous de créer des espaces, lancez-vous ! N’ayez pas peur de sortir de vos zones de confort ! Apprendre à connaître l’autre dans sa culture différente, s’enrichir de son vécu, c’est ce que vous vivez déjà dans le service civique, à vous de sensibiliser les autres jeunes ! »

Le défi est lancé !

Voir aussi :
Tous les témoignages autour du service civique
Découvrir le service civique
Les associations et mouvements de la Plateforme ecclésiale pour le service civique

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