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Synode pour la famille, et après ?

Publié par jeunescathos le 4 novembre 2015 - A la Une, Synode sur la famille, Vie de l'Eglise

Tout au long de la 2ème assemblée du Synode pour la famille du 4 au 25 octobre 2015, le père Patrick Issomo Mama, lazariste camerounais, étudiant à Rome, a commenté pour nous ce qui s’est vécu autour de ce Synode, avec son regard de prêtre africain (voir ici). Le synode s’est inscrit plutôt dans une logique de consolidation de la doctrine, mais dans une perspective d’ouverture à la miséricorde.

Un évêque lisant le rapport final du synode sur la famille.  Copyright : M.MIGLIORATO/CPP/CIRIC

Un évêque lisant le rapport final du synode sur la famille.
Copyright : M.MIGLIORATO/CPP/CIRIC

« Durant ce synode, nous avons incité le monde à comprendre l’importance de l’institution de la famille et du mariage entre un homme et une femme, fondée sur l’unité et sur l’indissolubilité, et à l’apprécier comme base fondamentale de la société et de la vie humaine ». Ceci est une parole forte par laquelle le Saint Père, au terme du synode, rappelait l’essentiel de l’enseignement de l’Eglise sur la mission et la vocation de la famille dans l’Eglise et dans le monde : la famille est source de vie, fondement de la société ; elle repose à la base sur l’union d’un homme et d’une femme. Des termes de définition de la famille qui rendent compte de la densité des questions abordées et discutées durant cette seconde session du synode. Des échanges dont l’intensité a été révélatrice d’une complexité réelle de la gestion de la diversité culturelle et sociale des réalités de la même Eglise dans le monde. Une diversité face à laquelle il y a grand besoin de discernement spirituel et pastoral, afin d’éviter de verser dans « le danger du relativisme » ou celui de « diaboliser les autres » comme le disait le Saint Père dans son mot final.

L’indissolubilité du mariage

Il s’agissait donc durant ce synode, de réfléchir sur le moyen de rester dans le plan et la vision de Dieu dans la façon de penser, regarder et vivre le mariage et la famille, même devant toutes les crises qui se manifestent aujourd’hui. Il ne s’agit point de faire vaciller ou osciller la doctrine de l’Eglise au sujet du statut fondamental de la famille et du mariage comme l’ont rappelé les Pères synodaux dans le rapport final soumis au Saint Père : « le rapport final réaffirme la doctrine de l’indissolubilité du mariage sacramentel, qui n’est pas un joug mais un don de Dieu, une vérité fondée dans le Christ et dans son lien d’amour avec l’Eglise ».

La miséricorde avant tout

Le pape François embrassant un enfant malade, lors de la messe de clôture du synode sur la famille.  Copyright : M.MIGLIORATO/CPP/CIRIC

Le pape François embrassant un enfant malade, lors de la messe de clôture du synode sur la famille.
Copyright : M.MIGLIORATO/CPP/CIRIC

Toutefois aussi, il ne faut pas oublier que le ministère de l’Eglise est d’abord celui de la miséricorde, rappelle le pape François : « l’Eglise est la famille des pauvres en esprit et des pécheurs en recherche du pardon et pas seulement des justes et des saints… » ce qui veut dire que même dans le respect et l’application de la doctrine au sujet des crises familiales et matrimoniales, il faut éviter d’être ces personnes « aux cœurs fermés qui souvent se cachent jusque derrière les enseignements de l’Eglise ou derrière de bonnes intentions pour s’asseoir sur la cathèdre de Moïse et juger, quelques fois avec supériorité et superficialité les cas difficiles et familles blessées ». Et Dieu seul sait combien de cas difficiles dans ce sens il y en a dans toutes les Eglises particulières. Il y a en Afrique par exemple beaucoup de familles blessées ou coincées par la polygamie par exemple et les dérives de tout genre, mais qui restent très engagées et attachées à la pratique de leur foi et à la vie ecclésiale. Que faire ou dire de ces familles ? Sont-elles excommuniées ? Ou encore, leur engagement ecclésial et leur témoignage de foi suffiraient-ils pour « assouplir » l’exigence requise pour l’accès aux sacrements ? Dans son allocution finale, le Saint Père répond en disant que ces familles ne sont pas du tout excommuniées, et le rapport final des Pères synodaux aussi.

Pour sa part, le Pape rappelait dans cette allocution finale que « le devoir de l’Eglise n’est pas de distribuer des condamnations ou des anathèmes mais celui de proclamer la miséricorde de Dieu, d’appeler à la conversion et de conduire tous les hommes au Christ ». Ce qui ressort en d’autres termes dans le rapport final des Pères synodaux qui évoque « l’accueil des familles blessées qui ne sont pas excommuniées », mais qui ont besoin de la sollicitude pastorale de l’Eglise.

Quel équilibre entre ouverture pastorale et rigueur doctrinale

Rappelons aussi que toute cette réflexion synodale et ce qui est dit dans l’allocution finale du Saint Père ne légitiment en rien une certaine légèreté dans l’exigence doctrinale, en d’autres termes il ne s’agit pas d’une licence donnée à tous pour recevoir quel que soit l’état de vie le corps du Christ par exemple !!! Il est intéressant de repréciser que le synode s’inscrit plutôt dans une logique de consolidation de la doctrine, mais dans une perspective d’ouverture à la miséricorde, ce qui n’est pas une nouveauté en soi car l’Eglise ne vit que par et pour la miséricorde. D’ailleurs il faut rappeler que le synode n’avait pas vocation à se prononcer sur la doctrine mais à fournir au Saint Père des éléments lui permettraient de la proposer dans son orthodoxie à l’Eglise tout entière en ce qui concerne la famille et le mariage. Il ne s’agissait pas d’une instance de laquelle de nouvelles décisions sur la doctrine en matière familiale et matrimoniale étaient attendues, mais une réflexion livrée sous forme de propositions contenues dans un rapport final remis au Saint Père qui pourrait s’en servir pour une éventuelle exhortation apostolique post synodale.

Approfondir la beauté de la famille

Il n’était pas simplement question durant ce synode de réfléchir sur les situations d’admission des divorcés remariés à la communion, ou de l’homosexualité ou du mariage pour tous, bref de toutes ce crises qui interpellent l’Eglise aujourd’hui ; mais aussi de livrer un message d’encouragement à tous ceux qui persévèrent dans la vie commune selon le plan de Dieu tel qu’interprété dans l’enseignement de l’Eglise. De redire aussi la beauté et la grandeur de la vie ensemble dans le mariage comme famille, cellule de laquelle émergent les vocations de tout genre. On ne saurait parler d’un penchant des réflexions synodales vers un contexte culturel particulier, mais plutôt, la diversité culturelle de l’Eglise se trouve concernée par l’appel à la conversion dans la persévérance par rapport aux valeurs familiales ; et le Magistère local de chaque Eglise particulière doit prendre de plus en plus conscience de la nécessité d’un équilibre entre charité pastorale et rigueur doctrinale. Le rapport final proposé au Saint Père évoque la nécessité d’approfondir la beauté de la famille comme institution divine appelée à relever les défis des contingences et fluctuations terrestres.

L’année de la miséricorde qui s’ouvre bientôt, n’indique-t-elle pas le chemin sur lequel veut nous engager la réflexion synodale ?

 

p. patrick issomo

 

 

 

Père Patrick IssomoMama

 

 

Voir aussi :
Au cœur du Synode, au service des évêques
Dossier Synode pour la famille

Dossier Synode pour la famille sur le site Eglise Catholique
Synode pour la famille, l’Eglise en dialogue : contexte et enjeux de cette 2ème assemblée synodale

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