« … N’oublie pas mon petit soulier » !?
Tous les deux mois, Anne-Catherine, 33 ans, jeune professe du Cénacle, évoque dans ce Journal ce qu’elle vit dans la vie religieuse. Quelque temps après Noël, elle nous partage quelques réflexions sur son rapport aux cadeaux !
Peut-être que vous vous demandez comment se passe Noël chez des sœurs ?
Eh bien, puisque nous sommes encore dans le temps de Noël, je vous propose de vous dire quelques mots sur la place des cadeaux dans ma communauté religieuse … Bien sûr, Noël est avant tout une fête liturgique, donc priante. D’ailleurs, la liturgie déployée, les chants propres à cette période de l’année, les lectures des messes nous annoncent inlassablement la naissance du Sauveur, l’incroyable Bonne Nouvelle que Dieu se fait homme pour nous tous ! Mais quand même, dans tous les esprits, Noël est associé aussi aux cadeaux -peut-être justement parce que Jésus est le plus beau cadeau que Dieu puisse nous faire-, alors qu’en est-il pour des religieuses ?
Les cadeaux entre nous en communauté
La tradition dans nos communautés (de sœurs du Cénacle, en France tout du moins) est de piocher au hasard le nom d’une sœur pendant l’Avent et de préparer pour elle un cadeau simple pour le jour de Noël (une bougie pour prier, une paire de gants de laine, un livre, une taie d’oreiller…).
Ainsi, le cadeau est d’abord une prière pour cette sœur tout spécialement pendant ces semaines de l’Avent. Prier pour elle, c’est la confier au Seigneur, Lui demander de la garder, de l’accompagner, de la bénir, de la soutenir dans sa foi, dans sa mission… Donc finalement, c’est croire que ma prière pour un(e) autre peut porter du fruit parce que le Seigneur aime les hommes et leur veut du bien.
Ensuite, le cadeau est bien quelque chose de concret, de matériel, qu’il me faut choisir, chercher, acheter ou fabriquer, avec amour. Je peux vous garantir qu’il suscite la créativité de chacune de nous, selon ses talents, pour faire plaisir, pour être joliment présenté, pour laisser un effet de surprise le plus longtemps possible… Et là, parce que nous choisissons d’y mettre une somme d’argent modeste, en cohérence avec notre recherche de vie simple, notre imagination déborde !
Enfin, offrir un cadeau à une sœur, c’est reconnaître que chacune de nous a besoin de donner, de se donner, d’exprimer concrètement son attention à l’autre que je n’ai pas choisie mais que j’apprends chaque jour à aimer dans le cœur de Dieu.
Les cadeaux des autres
D’abord, je veux dire que nous ne cherchons pas à recevoir par des personnes extérieures ce que la communauté ne nous donnerait pas de l’intérieur. Ce ne serait pas juste de demander en dehors ce dont nous avons besoin et que nous n’osons pas demander en interne. La communauté est là pour donner à chacune ce dont elle a besoin pour vivre au quotidien (vêtement, nourriture, soin…). Et chaque sœur a ainsi le devoir de parler de ses besoins, humblement et en vérité.
Notre vie religieuse apostolique nous met en relation avec beaucoup de personnes, outre nos familles, et il arrive que certaines d’entre elles nous témoignent leur générosité et leur amitié en nous offrant des cadeaux. Je crois que la manière dont nous les recevons peut être un témoignage. Accueillir quelque chose de l’autre, c’est accueillir l’autre qui se donne, reconnaître que personne ne peut se suffire à soi-même pour vivre, s’exercer à voir en l’autre le visage de Dieu-fait-chair qui se donne à nous sans cesse.
Enfin, recevoir un cadeau, pour la religieuse que je suis, c’est aussi être rappelée à mon vœu de pauvreté vécu en communauté : me tenir prête à partager ce que j’ai (ce qui est finalement possible pour beaucoup de choses), à ne pas posséder à titre personnel, à mettre en commun avec mes sœurs…
Et il nous arrive aussi d’offrir à d’autres des cadeaux, par exemple lorsque nous retournons en famille. Là, il y a souvent beaucoup de simplicité ; un ‘petit rien’ dit souvent infiniment plus que la valeur objective qu’il a. Ainsi, ce que nous vivons entre nous en communauté –sobriété, charité, don, prière- déborde aussi envers d’autres.
Finalement, ce que notre vie religieuse et communautaire met en avant, c’est que, dans tout échange de cadeau, il y a une relation. Et cette relation à l’autre est à l’image de ma relation à Dieu, Celui par excellence qui se donne et nous reçoit !
Sr Anne-Catherine
Commentaires
A toi la parole.
C’est bientôt Noël , un beau moment à partager