En route vers le Synode 2018 ! Le Document Préparatoire pas à pas. #6
Chaque weekend, découvrons un extrait du Document Préparatoire à la XVe Assemblée Générale ordinaire du Synode des évêques, qui se tiendra à Rome au mois d’octobre 2018. Car le thème te concerne, cher(e) lecteur/lectrice du blog ! Le voici : « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel ».
II
FOI, DISCERNEMENT, VOCATION
À travers le parcours de ce Synode, l’Église veut réaffirmer son désir de rencontrer, d’accompagner, de se préoccuper de chaque jeune, sans en exclure aucun. Nous ne pouvons ni ne voulons les abandonner aux solitudes et aux exclusions auxquelles le monde les expose. Que leur vie soit une bonne expérience, qu’ils ne s’égarent pas sur des routes de violence ou de mort, que la déception ne les emprisonne pas dans l’aliénation : tout cela ne peut pas ne pas tenir à cœur à ceux qui ont été engendrés à la vie et à la foi et qui savent qu’ils ont reçu un grand don.
C’est en vertu de ce don que nous savons que venir au monde signifie rencontrer la promesse d’une vie bonne et qu’être écouté et protégé constitue l’expérience originelle qui inscrit en chacun la confiance de ne pas être abandonné au manque de sens et aux ténèbres de la mort, ainsi que l’espérance de pouvoir exprimer son originalité dans un parcours vers une vie en plénitude.
La sagesse de l’Église orientale nous aide à découvrir comment cette confiance est enracinée dans l’expérience des “ trois naissances ” : la naissance naturelle, comme femme ou comme homme dans un monde capable d’accueillir et de soutenir la vie ; la naissance du baptême « quand l’on devient fils de Dieu par la grâce » ; puis une troisième naissance, quand advient le passage « du mode de vie corporel au mode de vie spirituel », qui ouvre à l’exercice mûr de la liberté (cf. Discours de Philoxène de Mabboug, évêque syrien du Vème siècle, n° 9).
Offrir à d’autres le don que nous-mêmes avons reçu signifie les accompagner au long d’un parcours, en étant proches d’eux pour affronter leurs fragilités et les difficultés de la vie, mais surtout en soutenant les libertés qui sont encore en train de se constituer. En raison de cela, l’Église, à partir de ses Pasteurs, est appelée à se mettre en discussion et à redécouvrir sa vocation à veiller sur les autres, dans le style que le Pape François a rappelé au début de son pontificat : « Le fait de prendre soin, de garder, demande bonté, demande d’être vécu avec tendresse. Dans les Évangiles, saint Joseph apparaît comme un homme fort, courageux, travailleur, mais dans son âme émerge une grande tendresse, qui n’est pas la vertu du faible, mais au contraire, dénote une force d’âme et une capacité d’attention, de compassion, de vraie ouverture à l’autre, d’amour» (Homélie pour le début du ministère pétrinien, 19 mars 2013).
Dans cette perspective, nous allons maintenant présenter quelques réflexions en vue d’un accompagnement des jeunes à partir de la foi, à l’écoute de la tradition de l’Église, en ayant clairement pour objectif de les soutenir dans leur discernement vocationnel pour assumer les choix fondamentaux de la vie, à partir de la conscience du caractère irréversible de certains d’entre eux.
La foi, en tant que participation à la façon de voir de Jésus (cf. Lumen fidei, 18), est la source du discernement des vocations, car elle fournit ses contenus fondamentaux, sa structuration spécifique, son style singulier et sa pédagogie propre. Accueillir avec joie et disponibilité ce don de la grâce exige de le rendre fécond à travers des choix de vie concrets et cohérents.
« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi ; mais c’est moi qui vous ai choisis pour que vous alliez et portiez du fruit et que votre fruit demeure, afin que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donne. Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres » (Jn 15, 16-17). Si la vocation à la joie de l’amour est l’appel fondamental que Dieu place dans le cœur de chaque jeune pour que son existence puisse porter du fruit, la foi est à la fois don d’en haut et réponse à se sentir choisi et aimé.
La foi « n’est pas un refuge pour ceux qui sont sans courage, mais un épanouissement de la vie. Elle fait découvrir un grand appel, la vocation à l’amour, et assure que cet amour est fiable, qu’il vaut la peine de se livrer à lui, parce que son fondement se trouve dans la fidélité de Dieu, plus forte que notre fragilité » (Lumen fidei, 53). Cette foi « devient lumière pour éclairer tous les rapports sociaux », en contribuant à « construire la fraternité universelle » entre les hommes et les femmes de tout temps (ibid., 54).
La Bible présente de nombreux récits de vocation et de réponse de jeunes. À la lumière de la foi, ils prennent progressivement conscience du projet d’amour passionné que Dieu a pour chacun. Telle est l’intention de toute action de Dieu, depuis la création du monde comme lieu “ bon ”, capable d’accueillir la vie et offert en don comme une trame de relations auxquelles se fier.
Croire signifie se mettre à l’écoute de l’Esprit et en dialogue avec la Parole qui est chemin, vérité et vie (cf. Jn 14, 6) avec toute son intelligence et son affectivité, apprendre à lui faire confiance “ en l’incarnant ” dans le concret du quotidien, dans les moments où la croix se fait proche et dans ceux où l’on expérimente la joie devant les signes de résurrection, tout comme l’a fait le “ disciple bien-aimé ”. C’est le défi qui interpelle la communauté chrétienne et chaque croyant.
L’espace de ce dialogue, c’est la conscience. Comme l’enseigne le Concile Vatican II, elle « est le centre le plus secret de l’homme, le sanctuaire où il est seul avec Dieu et où sa voix se fait entendre » (Gaudium et spes, 16). La conscience est donc un espace inviolable où se manifeste l’invitation à accueillir une promesse. Discerner la voix de l’Esprit au milieu des autres appels et décider quelle réponse donner est un devoir qui échoit à chaque personne : les autres peuvent l’accompagner et la confirmer, mais jamais la remplacer.
La vie et l’histoire nous enseignent que, pour l’être humain, il n’est pas toujours facile de reconnaître la forme concrète de la joie à laquelle Dieu l’appelle et vers laquelle tend son désir, encore moins de nos jours, dans ce contexte de changement et d’incertitude diffuse. D’autres fois, la personne doit compter avec les découragements ou avec la force d’autres attachements, qui la retiennent dans sa course vers la plénitude: c’est l’expérience de beaucoup, par exemple de ce jeune homme qui avait trop de richesses pour être libre d’accueillir l’appel de Jésus ; c’est pourquoi il repartit, triste, au lieu d’être comblé de joie (cf. Mc 10, 17-22). La liberté humaine, bien qu’ayant besoin d’être toujours purifiée et libérée, ne perd cependant jamais complètement la capacité radicale de reconnaître le bien et de l’accomplir : « Les êtres humains, capables de se dégrader à l’extrême, peuvent aussi se surmonter, opter de nouveau pour le bien et se régénérer, au-delà de tous les conditionnements mentaux et sociaux qu’on leur impose » (Laudato Si’, 205).
La suite vous sera présentée la semaine prochaine !
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