“Le Frat de Jambville, c’était comme un baptême”
Du 18 au 20 mai, le Frat a rassemblé 12 000 jeunes à Jambville. Pierre y allait pour la première fois… en tant qu’animateur ! Il raconte.
“Tu verras, y’a un micro-climat à Jambville… Ça sert à rien d’espérer rentrer sec” m’avait lancé goguenard le chef des pionniers de notre paroisse à qui je confiais peu de temps avant de partir mon enthousiasme à l’idée de renouer, après deux ans, avec les joies du campisme. Pas de quoi m’effrayer : j’ai pas mal traîné mes bottes dans des camps scouts et autres grands rassemblement cathos. Mais le Frat de Jambville encore jamais… Pour moi c’était comme un baptême !
Baptême d’eau, c’est sûr, mais passons rapidement sur cet aléas météorologique qui a pourtant l’avantage de laisser des souvenirs impérissables à nos jeunes. Ce qui était vécu comme une sacrée galère (exemple : une branche vient percer la tente de filles et l’eau s’infiltre partout, alors que chez les gars c’est plutôt la boue qui recouvre tout) est devenu après coup une fierté et une occasion de rire.
Baptême du feu aussi ! Dès l’arrivée à Saint-Lazare l’ampleur des clameurs prend nos treize jeunes un peu par surprise. Pas longtemps. L’un se met à l’unisson “c’est Saint Antoine qui gueule qui…” et c’est parti. Cécile, une animatrice bien rodée, doit s’approcher pour me dire “tu commences à comprendre ce qui t’attend ?” Je me demande encore comment le train a fait pour ne pas dérailler vu les secousses internes qu’il a encaissées. Une fois arrivés, ceux qui n’ont pas mis leur lampe torche au tréfonds de leur sac nous guident vers le lieu de la première veillée. On dépasse la silhouette du château, on répond aux saluts de bienvenue des sweats de toutes les couleurs et on s’enfonce dans la forêt. À en juger par la multitude de petites lumières qui s’agitent, il y a sacrément du monde. Les rythmes technos émanant des différentes mairies se mêlent dans une cacophonie festive. Enfin on arrive chez nous : Nationville ! L’ambiance reste au même niveau tout au long de la veillée. Pour la prière, on essaye de calmer tout ça, mais les esprits sont encore assez échauffés : dans cette mer de tentes, la nuit va être houleuse – d’ailleurs le thème du Frat, c’est les pirates – et longue pour les veilleurs. Quoi qu’il en soit, c’est beau de voir nos jeunes être à fond pour des activités aussi simples que saines : chanter sous les étoiles, préparer un sketch, essayer de gagner un grand jeu, jouer avec des balles géantes sous le grand chapiteau etc. On les connaît plus blasés en temps normal.
Baptême de grâces surtout : malgré le choc d’une première nuit sous la tente, tout le monde est là pour la messe à 7h30. Le silence se fait lors de la consécration. On sent tous qu’on vit la messe différemment : au milieu des bois, tant de prêtres assemblés… ça secoue la routine et les frateux redécouvrent le sens des gestes et des mots. La louange à 11 000 dans le chapiteau fait vibrer les plus réservés même si les jambes s’ankylosent et que ça sent de plus en plus le chien mouillé. Glorious excelle pour faire prier tout le monde dans la joie. Nous découvrons bientôt le thème spi du Frat : l’évangile du Paralytique. En carrefours, nous approfondirons le sens de cet épisode. Comment pouvons-nous devenir porteurs des autres grâce à la foi ? Quand nous laissons-nous porter par l’amour de Dieu ? On essaye de répondre grâce aux échanges entre nous, grâce aussi aux enseignements des évêques. Le moment qui m’a le plus touché, c’est le temps de réconciliation. Les mots de Mgr de Dinechin étaient simples et beaux. En me baladant au milieu de tous ces groupes qui attendaient autour d’un prêtre, je me disais qu’on n’avait pas l’impression de sacrements administrés à la chaîne. Chacun vivait ça individuellement. Je fus alors sorti de mes réflexions par cinq de nos garçons “tu peux nous accompagner à l’Horeb ? on ne peut pas y aller sans un animateur”. Cinq minutes plus tard, les cinq lascars sont agenouillés autour de moi dans la tente de prière. Ça dure… Je ne peux m’empêcher de les regarder à la dérobée : touchant tableau. Le cahier des intentions de prière n’est pas là pour rien. “Allez Louis, tout le monde est parti. Il faut qu’on y aille…”
Autre moment de grâce : alors que la dernière veillée s’éternise, sous la pluie, dans une vaine excitation due à la fatigue ; Gregory Turpin sort brièvement de son incognito pour interpréter magnifiquement “Vivre d’amour“. Tout se calme. Le Saint Sacrement arrive et la dernière veillée s’achève en beauté.
C’est dur de repartir, même si on pense fort à une douche chaude. Nos treize jeunes ont toujours la pêche. Entre la gare et notre paroisse, ils ne craignent pas de beugler des chants de louange dans la rue, dans le métro aussi, sous le regard de passants amusés ou agacés par cette atteinte à la laïcité. Qui reconnaîtrait nos ados, habituellement si préoccupés de leur apparence, en train de se taper l’affiche sans complexe ? On y va : “… une joie immense, car mon Dieu m’a libéré !”
Merci à tous les organisateurs pour ces trois jours !
Pierre
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Porteurs d’espérance : Glorious au Frat de Jambville !
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