“J’ai confiance en toi”

Alors que des centaines de milliers de jeunes se sont retrouvés en juillet pour les Journées Mondiales de la Jeunesse au Brésil, un état d’esprit similaire habitait déjà de nombreux séminaristes et novices qui s’étaient réunis à Rome du 4 au 7 juillet pour un pèlerinage intitulé : “J’ai confiance en toi”.

Les vacances d’été à peine commencées, me voilà déjà sur les chapeaux de roues pour préparer mon sac et partir en voyage à Rome. Mais ce n’est pas pour les loisirs, c’est bien dans une démarche de pèlerinage que je m’y rend : pour affermir avec tous les participants ma foi en Christ, rendre grâce pour la joie que me procure l’appel du Seigneur et montrer ma joie d’être aimé et de vouloir aimer le Seigneur, l’Église et l’humanité.

Dès la sortie de l’avion, direction le séminaire français, où je retrouve des amis séminaristes. Sans plus attendre, nous nous rendons au château Saint-Ange, de l’autre côté du Tibre. En arrivant dans les jardins, quelle profusion de bures, de soutanes, de voiles en tous genres. Déjà, je vois toute la diversité de l’Eglise et ce qui nous rassemble tous. Après quelques présentations, le joyeux cortège s’élance vers la Basilique Saint Pierre en une longue procession qui remonte la Via della Conciliazione au son des chants et l’écoute de la Parole de Dieu et de texte des papes. Arrivés place saint Pierre, nous confessons notre foi, chacun dans notre langue, avant de rentrer dans la Basilique au son de la litanie des saints. Quelle chance, quelle joie de vivre cela ! Mais ce n’était que le début. Il y eut un soir, il y eut un matin …

Au deuxième jour, après une catéchèse le matin, nous sommes invités à parcourir Rome à la découverte des saints qui en peuplent les nombreuses églises. Munie de mon carnet explicatif et de mon plan, le parcours devient pèlerinage intérieur. Chaque arrêt devant les reliques d’un saint, devant le Saint Sacrement est l’occasion de faire une prière, de remercier, de demander au Seigneur, par l’intercession de ses saints, de me guider sur mon chemin et de m’affermir dans ma foi. La Ville me dévoile alors sa beauté et sa grandeur, pas tant celle des édifices, mais celle de tant et tant qui ont cherché Dieu dans leur vie et l’ont annoncé aux autres. Avec ces témoins d’un autre temps, j’approfondis la joie qui m’habite de vouloir tout donner au Seigneur pour le servir et servir l’Eglise.

La joie, cette joie profonde, c’est ce que le Saint-Père a voulu nous rappeler le lendemain, lors de la rencontre que nous avons eu la chance d’avoir avec lui. Il nous posait cette question : comment faire pour que la joie qui nous habite actuellement ne se dissipe pas, alors que nous sommes marqués comme tout le monde par une ‘culture du provisoire’  ? Comment peut-on aujourd’hui oser faire un choix définitif ? Comment faire pour que notre joie soit réelle et permanente sinon en la fondant sur le Christ  ? La vraie joie nait parce que nous nous sentons acceptés, aimés pour ce que nous sommes ; c’est particulièrement la joie de la vocation chrétienne, où Dieu nous dit à quel point il nous aime et veut compter sur nous. La source de la joie d’un prêtre ou d’un consacré se trouve aussi dans la paternité ou maternité spirituelle, qui nous permet de vivre paisiblement le célibat. La joie enfin doit se lire sur nos visages et dans toute notre existence, qui doit être cohérente. Car la vie avec le Christ est une vie qui libère et qui unifie ; voilà le secret de la joie chrétienne, le secret de la joie de se consacrer à Dieu, une joie qui ne possède rien mais qui donne tout et reçoit encore plus.

Cette joie, c’est encore ce que le Saint-Père a voulu nous redire le dernier jour, lors de la messe dominicale à Saint-Pierre. En relisant la Parole de Dieu, il nous invitait à mettre 3 repères au coeur de notre mission : vivre la joie de la consolation, nous fonder sur la Croix, tout remettre à Dieu dans la prière. Voilà trois principes, voilà quatre jours qui me portent actuellement et qui m’assurent qu’aujourd’hui encore il est possible de s’engager entièrement à la suite du Christ. Ainsi, je pourrai dire comme Jean-Baptiste : “quant à l’ami de l’époux, il se tient là, il entend la voix de l’époux, et il en est tout joyeux. C’est ma joie, et j’en suis comblé. Lui, il faut qu’il grandisse ; et moi, que je diminue.” (Jn 3, 30)

Arnaud Dhuicq

Arnaud Dhuicq, 26 ans, est séminariste pour le diocèse de Reims après un master en histoire ancienne. Il sera ordonné diacre en vue du presbytérat en octobre 2013.

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