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Europe – le traité de Rome a 60 ans : l’âge de la retraite ?

Publié par jeunescathos le 25 mars 2017 - A la Une, Elections, Événements, Société

25 mars 1957 – 25 mars 2017, voilà 60 ans était signé à Rome le traité qui devait donner naissance à l’un des projets les plus ambitieux et les plus innovants de l’histoire politique. Toutefois, au moment de souffler ensemble ces 60 bougies, nombreux sont ceux, parmi les peuples européens qui sont désabusés, las, prêts à remettre en cause le chemin parcouru comme l’ont fait les Britanniques en juin dernier en décidant de quitter l’Union. Pourtant, nos évêques ont récemment affirmé : « nous sommes convaincus qu’il ne peut y avoir d’avenir pour notre pays que dans une Europe forte, consciente de son histoire et de ses responsabilités dans le monde* ». Alors ? Sœur Marie-Laure Dénès, directrice du service national Famille et Société, nous propose quelques éclairages.

 

Le blog – Pourquoi l’Europe ne fait-elle plus rêver ses citoyens, notamment les jeunes ?

Sœur Marie-Laure – Peut-être faut-il sortir de l’Union européenne pour voir comment elle est perçue dans le monde : un espace de paix, de liberté et de prospérité, garanties par un État de droit. Bien sûr, nous qui sommes à l’intérieur, nous savons que tout n’y est pas parfait, qu’il y a toujours des inégalités, de la pauvreté, de l’exclusion.

Mais nous ne mesurons plus la chance que nous avons de vivre en paix, de bénéficier de la liberté d’expression, d’opinion, de réunion, de circulation. La liberté de religion, y compris la liberté de changer de religion ou de critiquer une religion nous parait évidente. Un accès gratuit à l’éducation et aux soins de santé, une démocratie qui permet l’expression des pluralités, une justice qui garantit un procès équitable, des administrations qui fonctionnent, des aides aux plus démunis : tout cela semble tellement aller de soi pour nous que nous en oublierions presque que c’est le fruit d’un long processus. Sans doute, les responsables politiques nationaux n’ont pas aidé les citoyens à mesurer le chemin parcouru, s’arrogeant trop souvent les succès, accusant l’Europe de tous les maux. Jeu politique dangereux qui a pu contribuer au désamour entre les citoyens et l’Union. Dans le même temps, L’Europe s’est complexifiée, devenant plus gestionnaire et manquant de grand(s) projet(s), s’éloignant des peuples lui reprochant son « déficit démocratique ». La crise de 2008 et ses conséquences ont fait le reste.

Faire mémoire des 60 ans du traité de Rome, c’est justement le temps de relire son histoire pour se projeter dans l’avenir. Dans un monde en proie aux doutes, n’est-ce pas le moment de repenser un projet fort et enthousiasmant ? Le pape François, lors de son discours au Parlement européen en 2014 déclarait : « le moment est venu d’abandonner l’idée d’une Europe effrayée et repliée sur elle-même, pour susciter et promouvoir une Europe porteuse de science, d’art, de musique, de valeurs humaines et aussi de foi. L’Europe qui contemple le ciel et poursuit ses idéaux ; l’Europe qui regarde, défend et protège l’homme ; l’Europe qui chemine sur la terre sûre et solide, point de référence précieux pour toute l’humanité ».

 

Le blog – Comment l’Europe change-t-elle mon quotidien en tant que jeune ?

Sœur Marie-Laure – La première chose qui a changé avec la construction européenne c’est que nous n’avons pas connu de guerre depuis plus de 70 ans. Un record ! Cela semble une évidence mais c’est un fruit direct du projet européen qui affecte très concrètement notre quotidien. Au-delà, comme pour tout citoyen, l’Europe agit directement sur notre quotidien en raison des compétences qui lui sont attribuées par les traités. Qu’elle intervienne seule ou en partenariat avec les Etats membres, cela touche des domaines très concrets comme par exemple la protection des consommateurs, l’environnement, l’emploi, l’éducation et la formation, la santé publique…Mais, trop souvent, elle est vue comme un pouvoir extérieur sur lequel on rejette la responsabilité des mesures difficiles. Pourtant, bien des avancées ont été obtenues grâce à l’Europe, notamment pour les jeunes. On peut citer différents projets comme Erasmus, programme de mobilité des étudiants qui permet de valider un ou deux semestres dans une université européenne et d’effectuer un stage à l’étranger ; Leonardo da Vinci destiné notamment à la mobilité des jeunes en formation professionnelle ; le service volontaire européen, les programmes de jeunesse en action ; la garantie pour la jeunesse facilitant les transitions vers le monde du travail… Pouvoir étudier, voyager, travailler dans un autre pays de l’Union est devenu une réalité pour nombre de jeunes qui le doivent à l’Europe.

 

Le blog – Pourquoi et comment l’Eglise soutient-elle la construction européenne ?

Sœur Marie-Laure –  Dès l’origine, l’Eglise porte un intérêt particulier au projet européen qui est un projet de paix et de réconciliation. Sur un continent qui a connu dans son histoire tant de conflits, qui sort exsangue de la deuxième guerre mondiale et marqué par une profonde crise morale, l’objectif est de dépasser les nationalismes antagonistes, pour assurer à la fois la paix, la croissance économique et la prospérité partagée. En 1950, Le Pape Pie XII accueille la déclaration Schuman avec enthousiasme et en 1957, il célèbre la signature des traités de Rome comme « l’évènement le plus important et le plus significatif de l’histoire moderne de la ville éternelle ». Les valeurs sur lesquelles l’Union européenne est fondée et qui sont désormais définies dans le Traité de l’Union européenne sont également partagées par l’Église. C’est la raison pour laquelle, les conférences épiscopales des États membres ont créé dès 1980 la COMECE (commission des épiscopats de la communauté européenne) chargée de suivre et d’accompagner les politiques européennes à la lumière de la doctrine sociale de l’Eglise. Très tôt, des contacts se sont noués avec les élus, les fonctionnaires, les commissaires, de façon informelle. Après la chute du Mur de Berlin, Jacques Delors, alors Président de la Commission, appelle les Églises, entre autres instances porteuses de sens, à prendre part aux débats européens. Aujourd’hui, cette participation est officiellement reconnue et inscrite dans le Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne qui instaure « un dialogue ouvert, transparent et régulier avec les Églises » (art. 17 du TFUE).

Dans ce dialogue, l’Église appelle l’Europe à être fidèle à ses valeurs d’humanité et de solidarité. C’est en ce sens que le pape François a interpellé les pays membres lors de sa venue au Parlement européen en novembre 2014. Il les a ainsi invités à revenir à l’ambitieux projet des Pères de l’Europe dont le cœur est « la confiance en l’homme […] comme personne dotée d’une dignité transcendante ». C’est ainsi qu’elle sera en mesure de s’atteler aux défis du moment : le défi migratoire, le travail, l’écologie.

Sœur Marie-Laure Dénès, dominicaine.
Directrice du service national Famille et Société

Retrouvez d’autres questions/réponses sur l’Europe sur le site de la CEF.
Lire le discours du Pape François à l’occasion des 60 ans du traité de Rome.

 

 

*Texte du Conseil Permanent de la Conférence des évêques de France aux habitants de notre pays intitulé “Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique

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Commentaires

A toi la parole.

  1. Thierry GRAS says: mars 26, 2017

    Bonjour ma sœur, vous concluez, à juste titre, en précisant que le pape François invite nos politiques à revenir à l’ambitieux projet des pères de l’Europe. Nous en sommes bien loin. Les différentes instances de L’Union Européenne ont œuvrer afin de s’affranchir de tout contrôle démocratique. Et ce, pour satisfaire les lobby des multinationales au mépris de la lutte contre les injustices sociales. Je vous invite à consulter le site de Corporate Europe Observatory pour constater combien les idéaux initiaux ont été foulés aux pieds. L’Union Européenne est moribonde. Le seul espoir des peuples est de sortir de l’UE pour éviter une plus grande paupérisation comme cela est déjà le cas en Grèce. Cette sortie doit être préparée. Ce n’est pas en se voilant la face, mais en prenant nos responsabilités que nous pourrons aider à la conservation des valeurs d’une Europe forte, sans les dérives des instances de l’UE. (ISDS, projet de direcive UE sur le secret des affaires …etc.). Nos 70 ans de paix sont la conséquence de la prospérité économique des pays Européens, pas de la création de l’UE. Il me semble important de dire à notre jeunesse que les actions de l’UE en sa faveur, que vous avez citées, ne sont qu’un maquillage pour rendre la fiancée attrayante. La réalité est toute autre.
    Cordiales salutations ThG

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