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D’Assise à Marseille : les chemins de dialogue

Publié par jeunescathos le 4 novembre 2011 - Événements, Interreligieux, Vie de l'Eglise

Le dimanche 2 octobre 2011, Marseille célébrait les vingt-cinq ans de la rencontre d’Assise organisée par Jean-Paul II dans la cité de Saint-François, le 27 octobre 1986. Trois cents personnes ont arpenté les rues du centre-ville, du haut de la Canebière au parvis de la cathédrale Notre-Dame de la Major.

arche pour la paix à Marseille - Anniversaire rencontre d'Assise

Pèlerins pour la paix à Marseille

Parmi ces « pèlerins pour la Paix », des « perles » marseillaises : Inchat-Najmat, jeune comorienne qui a été pendant un an volontaire au Secours catholique ; Hicham, franco-marocain, était bénévole chez les Scouts puis au CCFD-Terre solidaire où il a rencontré Aleth qui depuis l’accompagne dans son pèlerinage terrestre. Avec Étienne, Bruno et Colette qui sont aussi dans le cortège, ils sont partis au Liban en avril 2010 dans le cadre des rencontres « Mosaïques » (2) organisées entre autres par l’Institut Catholique de la Méditerranée (ICM)  (1)  dont le directeur, P. Jean-Marc Aveline est justement celui qui lance la Marche.

C’est alors le moment pour Irène, de la communauté grec-orthodoxe, de donner son rameau d’olivier à Juliette qui a longtemps travaillé pour la paroisse Saint-Pierre-Saint-Paul. C’est le moment pour les jeunes scouts arméniens de se mettre en marche. C’est le moment pour Jules-Hervé et la chorale de l’aumônerie africaine du Merlan de chanter la paix. C’est le moment pour M. Georges Nakkache de saluer Mgr Maroun Lahham, archevêque de Tunis, lui même palestinien et invité pour l’occasion. Il faut dire que M. Nakkache est né et a vécu à Tunis comme de nombreux membres de la communauté juive marseillaise. La Méditerranée rassemble par delà les fractures politiques et historiques.

À Marseille, les chemins se croisent et entrent en dialogue. Depuis plusieurs mois, ceux de Julien, de Aïcha et de Magali se sont associés pour fonder, au sein des associations Chemins de dialogue et Coexister un petit groupe de jeunes adultes issus de différentes traditions religieuses. Avec d’autres, ils organisent des visites de lieux de culte, des rencontres, des moments de convivialité. De même, le collectif « Tous enfants d’Abraham » regroupe les membres d’associations communautaires autour de repas en vue de manifestations culturelles communes.

Par delà les fantasmes

Car la ville en a besoin. Par-delà les fantasmes d’un cosmopolitisme marseillais, synonyme de paix sociale pour certains, le vivre ensemble est un défi permanent dans une cité où précarité et fierté cohabitent sous une lumière certes resplendissante mais parfois éblouissante. La coexistence ne signifie pas le vivre ensemble. C’est bien là tout le problème et c’est sans doute ce qui explique les vagues de peurs incarnées par les poussées récurrentes du Front National et les crispations régulières entre communautés, en parallèle des crises internationales. À Marseille, les cris de Jérusalem, Bagdad, Abidjan bousculent la douce musique marine. Les Chaldéens, les Coptes, les Arméniens eux aussi « pèlerins pour la paix » en ce dimanche 2 octobre, sont porteurs de mémoires douloureuses, blessées. Les représentants religieux juifs et musulmans sont hélas absents d’un événement qui se veut pourtant rassembleur des artisans de paix.

Et où sont tous les autres ? Trois cents, c’est finalement peu pour une métropole d’un million d’habitants. Et oui, le véritable dialogue est un chemin plus ardu que la simple traversée du Vieux-Port et qu’un match de football. Il nécessite toute l’humilité du pèlerin, toute l’ardeur du croyant. Mais, à Marseille, le dialogue est animé d’une espérance unique, celle qui mêle l’exigence européenne à l’urgence méditerranéenne, celle qui embrasse l’histoire phocéenne, le pèlerinage éternel des hommes sur la terre, et la recherche commune de la vérité. « Pèlerins de la vérité, pèlerins de la paix », faire mémoire d’Assise a du sens à Marseille.

 

Rémi Caucanas – assistant de direction à l’ICM

Alice Provansal – chargée de mission.

 

 

(1)   L’Institut catholique de la Méditerranée (ICM) est un établissement privé d’enseignement supérieur, associé à l’Université catholique de Lyon. À ce titre, il participe à la mission des universités catholiques en France, mission définie par les documents pontificaux Sapientia christiana et Ex corde ecclesiæ. Il est géré par une association (loi 1901) au Conseil d’administration de laquelle siègent, en tant que membres de droit, l’archevêque de Marseille, le recteur et le président de l’Université catholique de Lyon. D’autres évêques de la Province ecclésiastique sont également membres de ce Conseil (actuellement ceux d’Aix et Arles, de Digne).

 

(2)   Qu’est-ce que “Mosaïques” ?

Marseille a été élue capitale européenne de la culture pour 2013 ! La richesse de notre ville, c’est sa capacité à tisser dans un même ouvrage les fils du commerce et des échanges économiques avec ceux du dialogue et des rencontres interculturelles. La vocation de Marseille, c’est de conjuguer négoce et culture, échanges et dialogues.

En créant le concept ‘Mosaïques”, l’Institut catholique de la Méditerranée (ICM) a voulu apporter une contribution à ce patient travail de métissage marseillais, en vue de construire sur de bonnes bases l’espace euro-méditerranéen.

« Mosaïques », c’est d’abord un moyen de donner la parole à des jeunes étudiants et des jeunes professionnels originaires des pays du pourtour méditerranéen, et au-delà, qui sont engagés sur les différentes problématiques du vivre ensemble dans cet espace méditerranéen (éducation, culture, développement, coopération, média, mémoire et réconciliation, etc.).

« Mosaïques », c’est un espace de rencontre et de discussion pour bâtir une Méditerranée solidaire. Il s’agit en fait de provoquer un débat nourri par des témoignages de ces mêmes jeunes et des réactions d’experts et du public afin d’élaborer des grandes orientations. Ces dernières sont ensuite relayées auprès de structures locales, régionales, nationales et internationales capables de les mettre en oeuvre.

« Mosaïques », c’est aussi un moyen de permettre et de favoriser une expression artistique car « vivre ensemble, c’est tout un art ».

De nombreux partenaires ont déjà apporté leur soutien pour réaliser différents projets « Mosaïques ». Nous espérons que cette plate-forme permettra de développer ce réseau en gestation et les projets qui en découleront.

Bienvenue.

Jean-Marc Aveline, Directeur de l’Institut Catholique de la Méditerranée.

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Commentaires

A toi la parole.

  1. Fabien says: novembre 9, 2011

    Intéressant d’avoir les deux facettes de la médaille, les difficultés rencontrées au-delà de l’évènement interreligieux.

  2. Passelac Christiane says: novembre 24, 2011

    Bravo pour tout… Félicitations….Vivent les jeunes Catho.
    Je tiens à ajouter que l’I.C.M./I.S.T.R. de Marseille a une Association de soutien : “l’Association Chemins de Dialogue” à laquelle peuvent adhérer au prix spécial jeunes de 5 € tous les jeunes qui le souhaitent et qui peuvent ainsi être informés de tous les évènements organisés par ces instances.

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