“Marcher, c’est prier avec les pieds” !
Le mois d’août et la grande chaleur estivale – tant attendue – approchent. Comme chaque année, je pars pour trois semaines de « désert » et de ressourcement.
Après avoir évoqué la vie communautaire, nouvel épisode du Journal d’une jeune religieuse, par soeur Marlene, des Fraternités Monastiques de Jérusalem.
Au lieu de faire bronzette à Paris-Plages, nous prenons un peu congé de l’environnement urbain pour toucher de plus près ce que veut dire être un “voyageur” et un “étranger” sur terre (voir: 1 Pierre 2, 11).
Ou mieux : nous partons, pour mieux retrouver cette foule que nous côtoyons tout au long de l’année dans les villes, les retrouver dans la prière, dans la beauté de la création.
Les vacances des FMJ (= les Fraternités Monastiques de Jérusalem 😉
Les frères et sœurs de Jérusalem se retirent au mois d’août en grand nombre sur les plateaux de l’Aubrac (département de l’Aveyron). Outre la vie d’ermitage qu’ils y mènent dans des burons qu’ils cherchent à restaurer en accord avec leurs propriétaires, la liturgie dominicale est célébrée chaque semaine à l’église Notre-Dame des Pauvres à Aubrac. D’autres partent dans des lieux comme Vézelay, le Mont-Saint-Michel ou Gamogna, un ermitage construit par Saint Pierre Damien, en Toscane. D’autres encore – et j’en fais partie cette année – partent pour un pèlerinage. Marcher c’est prier avec les pieds, il paraît.
Ce que j’aime en marchant …
De passage sur la terre, en marche vers le ciel
La marche me rappelle ce caractère provisoire de la vie d’ici-bas, caractère provisoire aussi de la condition humaine et de ses limites, on est en marche vers le ciel ! « Va dans le pays que je te montrerai », dit Dieu à Abraham, en l’appelant de sortir de son « chez-lui », de quitter tout, pour découvrir cette aventure d’un lieu autre, d’un lieu sans lieu, l’aventure de la marche, du pèlerinage, conduit par cet Autre, vers qui tous les chemins convergent, Dieu.
Oui, j’aime tant ces hommes et femmes, nomades de Dieu, qui parcouraient – et parcourent encore – les pistes du désert, ne cherchant pas à s’installer plus longtemps qu’il ne le fallait. Ne pas m’arrêter à chercher… « Je ne peux m’empêcher de penser que la foi est une recherche et qu’elle doit nous mettre en partance, faire de nous des marcheurs. Dieu ne se laisse pas toucher facilement. Il faut avoir une âme de nomade pour le trouver… » (Théodore Monod)
Marcher pour louer et contempler
La marche m’expose au vent, à la fatigue, au silence, à la liberté, à l’émerveillement, qui permettent à accueillir, à se vider, à me reposer, à relire et recueillir, à lâcher prise pour un instant mes habitudes, mes préoccupations.
Marcher m’ouvre et me décentre de moi-même, me rend disponible à la beauté de la création et m’incite à l’action de grâce, à louer le Seigneur pour les merveilles qu’Il a faites.
Le déséquilibre, une invitation à la confiance
Mais la marche me fait aussi découvrir l’étonnant déséquilibre, la fragilité, qu’elle signifie. Un pas devant l’autre, et jamais cette position « entre-deux » s’avère stable. Chaque pas est si important, chaque pas a du poids et me porte. Marcher, c’est vivre aussi entre deux pas, et non pas seulement à chaque pas. J’apprends à faire confiance. Et apprendre l’attention, la vigilance, le regard, l’apprivoisement de la route par les pieds.
Il y a quelque chose qui se passe. La joie me rentre dans le cœur, comme si elle passait par mes pieds. Et j’apprends de nouveau à tenir debout – ressuscité – la tête au ciel et les pieds bien enracinés sur la terre.
Je vous invite à la marche – peut-être cet été ? Elle conduit inévitablement à une rencontre…
Marlene Scheuerer est moniale aux Fraternités Monastiques de Jérusalem
Voir aussi :
La vie communautaire
Le Carême, le temps du désir
L’appel, pourquoi moi
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A toi la parole.
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